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Mot à Maux...
16 mars 2007

AMBRE

J’étais assis sur un banc en bois, elle était debout me tournant le dos. Cela faisait un moment que nos regards ne s’étaient pas croisés. Quand elle me parlait, je ne répondais que par oui ou non.

C’était inutile de se donner rendez-vous mais Ambre avait insisté.

Notre histoire d’amour qui avait commencé d’une bien étrange façon, deux voisins qui se disent bonjour le matin en prenant le bus.

Sur le banc, il y avait plein d’inscription. Chacun avait laissé une trace de son passage. C’était peut-être une sorte rituelle annonçant un changement dans la vie.

Je sortis un petit couteau de ma poche et me mit à griffonner dessus.

Du coin de l’œil Ambre observait ce que je faisais, elle souriait car  je n’avais jamais été très expressif dans la vie.

Je levai la tête pour admirer ses cheveux blonds qui volaient au vent, j’aimais passer ma main dans ses cheveux quand nous faisions l’amour. J’aimais lui caresser le visage doucement pour sentir chaque trait qui le caractérisait.

-Tu ne dis rien.                                                                                                                                 

- Non.

- Fais un effort s’il te plaît.

- Faire un effort serait mentir et tu sais que je n’aime pas le faire en amour.

- J’aurais pourtant aimé. Que tu m’engueules que tu m’insultes.

- Pourquoi ?

- Parce que.

Cela lui aurait fait tant plaisir mais je n’avais pas envie. Elle ne m’aimait plus, je souffrais déjà de le savoir, pourquoi continuer de parler ?

Pas envie de la retenir, je n’avais pas le droit de le faire. Je l’avais aimé, mais quand elle a croisé le regard de l’autre.  J’ai compris que c’était fini entre nous, même si ces sentiments n’étaient pas encore troublés.

- Ne mens pas Ambre, tu te ferais plus de mal à toi qu’à moi.

- Tu m’en veux ?

- Non. Je ne peux pas t’en vouloir de ne plus m’aimer, c’est parfois ce qui arrive dans la vie. Après tout, on n’avait jamais dit  « jusqu’à ce que la mort nous sépare. »

- Pourtant j’aurais aimé, souffla-t-elle.

Moi aussi, j’aurais bien aimé. Qu’elle soit celle que je cherchais depuis si longtemps, je devais me faire une raison.

J’aimais encore Ambre mais n’avais pas le droit de la retenir si elle ne m’aimait plus, des arguments ? A quoi bon la convaincre. Je pouvais le faire par l’esprit mais pas par le cœur.

Elle s’approcha de moi se mettant accroupi pour être à la bonne hauteur, ses yeux noir me troublaient toujours autant. Deux petites perles, je cherchais encore cette brillance dans le regard d’autres femmes.

- Je suis vraiment désolé, je ne voulais pas.

- Je sais, ce genre de chose ne frappe jamais à la porte et n’arrive pas par courrier, fax ou mail.

- J’ai l’impression de te laisser seul.

- Tu es bien la première qui pense ça.

Elle souriait timidement, j’aimais son sourire de petite fille craintive ; j’aimais la lumière de ses yeux, j’aimais cette femme à en mourir. Pourtant je restais digne pour ne pas compliquer plus la rupture. Je ne voulais pas pleurer devant elle, je ne voulais pas montrer que l’amour que j’avais ressenti m’avait rendu dépendant d’elle.

Ambre n’avait jamais voulu ou osé me faire du mal, l’entente entre nous était si parfaite, que j’avais parfois l’impression d’être en face de ma meilleure amie bien plus que de la femme qu’il aime.

Elle me serra contre elle, ses yeux ne pouvaient retenir les larmes. Rien ne serait plus comme avant, rester amis ne posait pas de problème mais il faudrait attendre avant de retrouver cette complicité.

- Il vaut mieux que tu partes maintenant.

- Tu crois.

- Oui, dans une histoire d’amour il y en a toujours un qui souffre plus que l’autre. En l’occurrence cette fois, c’est moi.

- Non ne dis pas ça, ça ne s’est pas passé comme ça.

- Ambre, tu n’as pas à te justifier, je te crois. Nous nous connaissons bien. Je sais que ça a été dur mais si je reste dans ta vie se sera encore plus dur pour tous les deux. Alors il vaut mieux que tu partes et si le destin nous remet sur la même route alors on improvisera.

Soit juste heureuse en attendant…

Elle me donna un dernier baiser, ses lèvres étaient chaudes et mouillées par les larmes salées.

Je détournai la tête pour ne pas la voir partir, finissant d’écrire ce que j’avais commencé. Je finis d’écrire sur le banc avec mon couteau :

« Ambre et Simon SE SONT AIMES ET QUITTER »  photo: T4LEN4

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